George C. Scott était devenu, grâce à « PATTON » une grosse vedette au début des seventies, malgré un physique loin des canons habituels et une personnalité abrasive, pas toujours sympathique. Son unique réalisation « RAGE » ressemble fort à un téléfilm, sensation atténuée par l’utilisation du format CinémaScope et une BO anxiogène de Lalo Schifrin. Scott tente de styliser un peu les choses en forçant sur les ralentis, en fignolant les enchaînements de séquences, mais rien n’y fait. « RAGE » aurait définitivement eu sa place sur un petit écran.
Le scénario suit la lente agonie d’un fermier empoisonné par un gaz toxique lâché accidentellement par l’Armée. Son fils en meurt et lui s’évade de l’hôpital pour se venger. L'homme seul contre le Système est un thème beaucoup utilisé dans le cinéma U.S. de ces années-là, mais il est ici mal développé, ne parvient jamais à atteindre l’universel. Scott aurait dû rester focalisé sur son personnage et sur son point de vue uniquement, sans montrer les « officiels » tentant d’étouffer l’affaire, car leurs scènes bavardes et navrantes de banalité plombent gravement le film tout entier.
S’il faut tout de même voir « RAGE », ce sera pour l’interprétation de George C. Scott, qui s’est fait une curieuse tête avec ses tempes rasées et de gros sourcils noirs. Habité par cette tension permanente, cette présence intimidante qui n’appartiennent qu’à lui, il porte le film sur les épaules et empêche qu’on s’y ennuie trop. Il s’est entouré d’un cast compétent, d’où se détachent Martin Sheen en jeune médecin de l’U.S. Army froid et inhumain, Richard Basehart en vieux toubib de campagne et de bons seconds rôles comme Ed Lauter et Dabbs Greer.
Étonnant qu’un homme avec une si forte personnalité se soit consacré à une œuvre finalement ordinaire et anonyme, qui aurait pu être tournée par à peu près n'importe qui. Une occasion manquée…
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