L'affiche U.S. sans aucun rapport avec le film ! |
« J'AI LE DROIT DE VIVRE » démarre comme un mélodrame social à la façon de ceux que produisait la Warner à la même époque. Un film sombre et larmoyant sur la réinsertion, l’inéluctabilité de la récidive. Mais c'est oublier que Fritz Lang est à la caméra. Peu à peu, le film devient de plus en plus noir, il s’enfonce dans un désespoir suffocant. C'est le destin qui se met en marche et va broyer Henry Fonda, un petit malfrat malchanceux et Sylvia Sidney une candide jeune femme folle de lui, prête à le suivre jusqu'au bout des bouts. Car il s’agit bien d’un film d’amour fou et absolu. Tellement total, que la jeune héroïne ira jusqu'à en ignorer son propre nouveau-né, oubliant de lui donner un prénom. Seul compte l'homme de sa vie dont elle devient la complice.
« J'AI LE DROIT DE VIVRE » est un film dans lequel on s’enlise progressivement, sans même s’en rendre compte, pris par une logique implacable. L’évasion de Fonda, le soir de son exécution est un modèle d’ironie morbide : alors qu'il va être gracié et enfin reconnu innocent, il tue le prêtre venu l’aider, pensant qu'il cherche à le piéger ! Difficile de faire plus atroce et dérisoire. Lang fait évoluer la photo, qui passe du réalisme à l’expressionnisme. Certains plans dans la prison sont quasiment abstraits, d’une puissance visuelle inouïe.
Si on met quelques minutes à accepter l’élégant Fonda dans ce rôle de voyou désabusé, son jeu décolle complètement à partir du moment où il est condamné. Son visage creusé, ses yeux hantés, son corps fatigué annoncent le Tom Joad des « RAISINS DE LA COLÈRE » qu'il sera deux ans plus tard. À ses côtés, Miss Sidney, au sourire si expressif, donne une belle épaisseur à un personnage dont on découvre tout doucement toutes les facettes. Œuvre déprimante et jusqu'auboutiste, « J'AI LE DROIT DE VIVRE » vient de sortir en zone 2, et c'est une excellente initiative.
Est-ce que dans cette nouvelle édition dvd, il y a le doc "Fritz Lang par Claude Chabrol" qui accompagnait le zone 2 que j'ai, paru il y a 6 ans dans la collection série noire chez Canal ?
RépondreSupprimerOui, le doc y est bien. C'est drôle, la première édition m'avait complètement échappé à l'époque. Quel beau film...
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