Que c'est bon un polar, quand c'est bon ! À voir « THE MAN FROM NOWHERE », on ressent le même genre d’excitation que lors de la découverte des premiers John Woo arrivés en France. Mais ce film coréen fait preuve d’une maturité exceptionnelle, ne cède à aucun chichi décoratif, esquive les ralentis, les fusillades à deux flingues aux chargeurs illimités et autres glissades sur le dos. Ici, tout est au service de l’histoire qui – bonheur inespéré – est bien construite, prend soin de camper de vrais personnages et a même l’élégance de ne pas tout expliquer à grands coups de tirades dialoguées. Le héros, une sorte de super-soldat des services secrets retiré du monde et devenu… prêteur sur gages, planqué derrière une frange qui lui dissimule le visage, est magnifiquement campé par Bin Won, d’une sobriété et d’un charisme stupéfiants. Il réussit à dégager le danger, l’ambiguïté qu’a toujours recherché un Keanu Reeves par exemple, sans jamais y parvenir tout à fait. Une belle et simple idée de réalisation le rend quasi-mythique : la plupart du temps, on ne le voit pas agir. On ne voit que le résultat (dévastateur) de ses actions. Un peu cette vieille technique utilisée dans les westerns : le montage évitait de montrer le héros en train de dégainer. On le voyait directement faire feu, ce qui donnait une impression d’extrême rapidité. C'est le même principe remis au goût du jour. La relation de cet homme en noir avec la fillette mal-aimée est dépourvue de guimauve et de sentimentalisme à deux balles (point faible de Woo). Elle est l’enfant qu'il n’a jamais pu avoir et pour elle, il reviendra dans le monde des vivants, pour semer la mort. À noter le formidable Nemesis qu’est cet homme de main impassible, aussi sanguinaire qu’inattendu dans ses réactions. Là encore, son acte héroïque ne sera pas montré. Juste sa conséquence. On ne sent pas les deux heures passer, on reste accroché à son siège, on ne voit rien venir. C'est devenu tellement rare qu’on n’a même pas envie de chercher la petite bête. « THE MAN FROM NOWHERE » est un festin pour l’amateur de vrais polars à la diète depuis trop longtemps.
Je suppose que c'est sorti en dvd. Je n'ai jemais entendu parler de ce film.
RépondreSupprimerOui, ça vient de sortir. Rue-toi dessus...
RépondreSupprimerJe sais au moins quoi chercher dans les temps à venir. Les Coréens nous ont déjà heureusement surpris plusieurs fois, notamment en Science-Fiction. Je me répète, mais encore bravo a Cinewest, alias FJW,pour son activisme d' aventurier de la Frontière. Animé en tout cas par la même soif de découvertes.
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