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4 octobre 2011

CHARLTON HESTON : Happy birthday

Allez ! Oublions une bonne fois pour toutes la déplorable image qu'il laissa à la fin de sa vie et qui lui colle encore à la peau. Tout le monde n’est pas forcé de bien vieillir.
Rappelons-nous plutôt que « BEN-HUR » ressort en Blu-ray partout dans le monde dans une copie sublime. Pensons aussi à ses téléfilms « A MAN FOR ALL SEASONS » et « L’ÎLE AU TRÉSOR » enfin édités en DVD. Et souvenons-nous de sa présence épique dans tant de grands films, de DeMille à Peckinpah, jusqu'à Oliver Stone et John Carpenter. Charlton Heston aurait fêté aujourd'hui ses 88 ans.

3 octobre 2011

CLIVE OWEN : Happy birthday

À l’instar de Tom Selleck prévu pour être Indiana Jones, d’Eric Stoltz qui faillit tenir le rôle principal de « RETOUR VERS LE FUTUR » ou de Winona Ryder qui devait incarner la fille du « PARRAIN 3 », Clive Owen est aujourd'hui plus connu pour le personnage qu'il n’a jamais campé, que pour le reste de sa carrière. Il fut en effet longtemps question qu'il reprenne le rôle de James Bond, qu'il perdit au profit de Daniel Craig.
Comédien viril mais un peu inégal, Owen fut remarquable en gangster dans « SEULE LA MORT PEUT M’ARRÊTER » et charismatique en tueur croqueur de carottes dans « SHOOT’EM UP ». Il peut réserver de bonnes surprises. Aujourd'hui, il fête ses 47 ans.

2 octobre 2011

"I SPIT ON YOUR GRAVE" (1978)

Le début des années 70 avait vu fleurir quelques films comme « DÉLIVRANCE », « LES CHIENS DE PAILLE » ou « LA DERNIÈRE MAISON SUR LA GAUCHE », qui entrenaient un lien de parenté évident quant à leur exploration de la violence gratuite et surtout sa contagion.
« I SPIT ON YOUR GRAVE » creuse encore le sillon en confrontant une jeune new-yorkaise qui loue une maison de campagne au bord d’un lac, pour écrire un roman, et se fait violer par quatre « locaux » qui la laissent pour morte. Elle décide de rendre sa propre justice. Rien de très original, mais en appréhendant son sujet de façon totalement linéaire, frontale, directe, sans aucune stylisation que ce soit scénaristique ou visuelle, l’auteur évite tout sensationnalisme et voyeurisme. Ainsi, la séquence du quadruple viol semble n’en jamais finir. Dans la boue, le sang et les hurlements, les râles, le spectacle devient insupportable, nauséabond et en dit finalement plus long que tous les discours sur les agressions sexuelles et leur impact sur les victimes.
La vision de Camille Keaton, souvent dénudée, dégradée, avilie, n’a jamais rien d’excitant ou même d’ambigu. Et c'est la grande réussite de ce film fauché et apparemment tout simple : contourner l’approche toujours un peu malsaine de ce genre de sujet, par un filmage le plus « objectif » possible. Alors bien sûr, c'est un film qui n’a rien d’agréable ou de distrayant, mais il force peu à peu le respect par son honnêteté et sa façon d’exprimer ses idées sans les asséner. Le ‘payback’ de la dernière partie est lui aussi abordé intelligemment. Devenue vengeuse, l’héroïne n’en devient pas pour autant une tueuse invincible et les meurtres sont tellement violents et hideux, qu’on n’a pas envie d’applaudir. On a beaucoup reproché aux « CHIENS DE PAILLE », par exemple, son ambivalence et son machisme sous-jacent. On pourra faire des reproches à « I SPIT ON YOUR GRAVE », qui n’a pas la même valeur cinématographique, mais pas ceux-là. À voir donc, mais en sachant à quoi on s’expose.
À noter que le film est proposé en supplément dans le Blu-ray du récent remake. Il fut jadis exploité en France sous le titre « ŒIL POUR ŒIL ».

LORRAINE BRACCO : Happy birthday

Ex-top model, Lorraine Bracco débute en France dans une comédie avec… Robert Castel, avant de se faire un nom chez Ridley Scott et Martin Scorsese. Ces coups d’éclat ne parviennent pas à la maintenir dans le peloton de tête et elle se fait oublier, jusqu'à son personnage de psy dans la série « LES SOPRANO », qui demeure le rôle de sa vie.
Elle joue les mères dans la nouvelle série à succès « RIZZOLI & ISLES » et fête aujourd'hui ses 57 ans.

1 octobre 2011

"A TASTE OF EVIL" (1971)

Le scénariste anglais Jimmy Sangster, un des piliers de la légendaire Hammer, devait être un fan des « DIABOLIQUES » de H.G. Clouzot, puisqu’il en donne ici une variation, sous forme de téléfilm. Réalisé par le téléaste John Llewellyn Moxey, « A TASTE OF EVIL » est un suspense en huis clos, situé dans une belle propriété de San Francisco dans les seventies. Lors d’une ‘party’, une fillette est agressée et violée par un homme  non-identifié. Elle passe sept ans en H.P. en Suisse et revient. Le passé ressurgit, son beau-père lui paraît suspect, elle a des hallucinations. Mais… N’est-ce pas plutôt une machination ?
Barbara Stanwyck, Barbara Parkins et Arthur O'Connell
Quand on sait que sa chère maman est jouée par une Barbara Stanwyck de 64 ans, on imagine bien qu'elle n’est pas blanc-bleue ! En grande dame compassée et attentive, qui se transforme en marâtre cynique et manipulatrice, Miss Stanwyck est extrêmement à l’aise. Ella a toujours haï sa propre fille qu'elle accuse de lui avoir volé l’amour de son mari et fait tout pour la rendre définitivement folle. Celle-ci est incarnée par la belle Barbara Parkins. Parmi les seconds rôles, on a droit à Arthur O’Connell, inhabituel en jardinier pédophile et demeuré, Roddy McDowall en médecin et William Windom en beau-père ivrogne, équivalent de Paul Meurisse dans le chef-d’œuvre de Clouzot.
Ce n’est pas de la grande télé, juste un exercice de style sympathique, avec son lot d’éclairs, de pluies diluviennes et de flash-backs dramatiques. La dernière partie, centrée sur Stanwyck prise à son propre piège vaut vraiment le détour. On pense évidemment à son vieux succès « RACCROCHEZ, C'EST UNE ERREUR ».

WALTER MATTHAU : Happy birthday

Walter Matthau, c'était le new-yorkais incarné. Roublard, blasé, cynique, indélicat, ronchon, pas téméraire, le visage en caoutchouc, il fut inoubliable dans la comédie, surtout en tandem avec son complice Jack Lemmon.
Pourtant, au-delà de son archétype, il sut se montrer parfaitement crédible en shérif désillusionné dans « SEULS SONT LES INDOMPTÉS » et surtout dans le rôle-titre de « TUEZ CHARLEY VARRICK », en braqueur de banques insaisissable. Aujourd'hui, il aurait fêté ses 91 ans.

30 septembre 2011

JOE DON 007

Joe Don Baker – un des acteurs-culte de « CINéWEST STATION » – qui connut son heure de gloire pendant les seventies, avec quelques séries B ‘redneck’ sur l’autodéfense, peut se vanter d’être le seul acteur américain à être apparu dans trois « JAMES BOND » et dans deux rôles différents !
Ainsi, en 1987, il joue un trafiquant d’armes à moitié cinglé dans « TUER N’EST PAS JOUER », face à Timothy Dalton. Ensuite, huit ans plus tard, il change de rôle et de 007, en incarnant Jack Wade un homme de la CIA rigolard et portant d’affreuses chemises hawaïennes dans « GOLDENEYE ». Une sorte d’équivalent du ‘Felix Leiter’ des autres films de la franchise. Baker reprendra ce même rôle deux ans après, le temps d’une séquence-clin d’œil de « DEMAIN NE MEURT JAMAIS ».

LEN CARIOU : Happy birthday

Len Cariou est un excellent comédien canadien, qui après des années de seconds rôles a récemment trouvé de beaux personnages à la TV : on l’a remarqué en politicien roué dans la trop courte série « BROTHERHOOD » et en patriarche encore vert d’un clan de flics dans « BLUE BLOODS ».
Au cinéma, on l’a aperçu dans « MÉMOIRES DE NOS PÈRES » ou « MONSIEUR SCHMIDT ». Aujourd'hui, il fête ses 72 ans.

29 septembre 2011

MADELINE KAHN : Happy birthday

Madeline Kahn était naturellement drôle.
Ça ne s’explique pas, ça ne se décrit pas. Il lui suffisait d’apparaître à l’image pour faire sourire. Repérée par Mel Brooks, elle a donné le meilleur d’elle-même dans « LE SHÉRIF EST EN PRISON », « LE GRAND FRISSON » et surtout « FRANKENSTEIN JUNIOR » où sa transformation en « fiancée » hypersexuée est à mourir de rire. Elle a beaucoup tourné pour la TV, mais n’a jamais retrouvé de rôle à la mesure de son génie comique. Elle fut étonnante en mondaine venimeuse dans « NIXON ».
Elle aurait fêté aujourd'hui ses 69 ans.

28 septembre 2011

L'OUEST A LIRE

Il y a un an exactement sortait aux éditions de la Transparence, un petit ouvrage signé Philippe Ortoli et entièrement consacré à « IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L’OUEST » (c'est d'ailleurs le titre de l’ouvrage). Comment l’évènement avait-il échappé jusque-là à notre radar monomaniaque concernant le chef-d’œuvre de Sergio Leone, on se le demande encore ! Le fait est que ce livre d’une centaine de pages est une analyse sérieuse et détaillée du film, particulièrement concentrée sur le personnage de ‘Harmonica’. L’auteur a cité toutes les références de Leone concernant « VERA CRUZ » ou « L'HOMME AUX COLTS D’OR ». On n’est pas obligé d’adhérer à toutes ses analyses ou théories, mais certaines sont intéressantes et l’ouvrage est bien écrit. Et puis, comment ne pas aimer le premier livre français entièrement dédié au plus grand film du monde ?
Par contre, un passage nous a interpelés. Il concerne la séquence où Harmonica empêche Jill McBain de quitter sa ferme, en lui déchirant sa robe, alors que deux tueurs s'apprêtent à charger, depuis une colline voisine. M. Ortoli y voit un clin d’œil à « VERA CRUZ » en écrivant : « Le physique de Charles Bronson vêtu d’un costume clair de cow-boy défini par une sauvagerie animale et jouant de son harmonica des airs enjoués est donc une image musicale que l’on veut ressusciter à travers ce qui l’a organisée et rendue signifiante. C'est la raison pour laquelle, lorsqu’il surgit dans la grange pour protéger Jill, Harmonica commence par la molester vigoureusement, arrachant même sa collerette comme s’il allait la violer. Cette brutalité qui n’a strictement aucune raison d’être, l’immobilisation de la jeune femme suffisant largement, est un écho de la tentative de viol de Maria (Sarita Montiel) par Pittsburgh… ».
Page du photoroman "STAR CINE WINCHESTER"
À notre sens, il y a au contraire une très bonne raison à l’action d’Harmonica. Et même probablement deux : en arrachant la collerette et les manches blanches de Jill, l'homme élimine des cibles trop visibles pour les tueurs embusqués (qu'il a évidemment repérés, comme nous l’indique un rapide coup d’œil pendant qu'il maintient Jill à terre). Ensuite, en dénudant la poitrine de la jeune femme, il compte sur la lubricité des deux sbires – et il a bien raison – qui pourraient avoir l’idée de s’amuser un peu avant d’abattre leur cible. Et bingo ! Les tueurs voient Jill marcher vers le puits avec son décolleté plongeant, ils échangent un regard et rangent leurs carabines, avant de chevaucher vers la ferme, se mettant à la portée du colt d'Harmonica. Ce qui causera leur perte.
Harmonica ne fait RIEN sans raison !

NAOMI WATTS : Happy birthday

Avec sa plastique, sa blondeur, ses yeux bleus, Naomi Watts était promise à une carrière-éclair de starlette. C'était compter sans son talent de composition et une assez exceptionnelle présence physique.
Elle a tourné avec Cronenberg, Peter Jackson, Woody Allen, Eastwood, Lynch et s’est hissée au niveau des meilleures actrices de sa génération. Aujourd'hui, elle fête ses 43 ans et n’arrête pas de tourner. Tant mieux !

"L'AMOUR EN LARMES" (1991)

Des Anglais en Italie… Comment ne pas penser à « CHAMBRE AVEC VUE » ? D’autant que « L’AMOUR EN LARMES » est également tiré d’un roman d’E.M. Forster et que Helena Bonham-Carter fait partie du casting.
Le mélange de la glace et du feu est toujours intrigant et parfois cocasse. Ces personnes bien nées qui se laissent gagner par la langueur latine sont à la fois touchantes et ridicules et le film met longtemps à trouver sa tonalité finale. Car en fait de comédie douce-amère, l’affaire s’achève en tragédie, même si elle n’est pas totalement dénuée d’espoir. C'est joliment photographié, ‘british’ jusqu'au bout des ongles, mais il manque quelque chose, peut-être un peu de causticité, un vrai désespoir, pour égaler les grands films d’un James Ivory, par exemple.
Outre les magnifiques paysages italiens, le film vaut le déplacement pour sa distribution féminine, de tout premier ordre : Judy Davis est extraordinaire dans son emploi habituel de femme coincée, névrosée, frustrée jusqu'à la psychose. Elle est celle par qui le malheur arrive, celle qui s’est refusée à être autre chose qu’une caricature d’aristo fermée à toute rencontre, à toute remise en cause. Helen Mirren n’apparaît que pendant la première demi-heure du film, en veuve qui tente de retrouver le bonheur dans les bras d’un garçon beaucoup plus jeune qu'elle. C'est le discret et très juste Rupert Graves qui tient le film sur les épaules, dans un rôle complexe mais attachant. « L’AMOUR EN LARMES » (encore un titre français aberrant) se différencie à peine d’un téléfilm BBC particulièrement soigné, mais s’il ne laisse pas grand souvenir, demeure tout à fait agréable le temps qu'il dure.

27 septembre 2011

"SLICE" (2010)

« SLICE » est un thriller dont on pourrait dire qu'il est bourré jusqu'à la gueule, presque jusqu'au débordement. Bourré de références, de mélanges de genres, de styles différents. Un peu inégal donc, mais une fois qu'il est sur les rails, on ne peut pas lui reprocher de se dégonfler ! Jusqu'auboutiste, « SLICE » approfondit ses thèmes jusqu'à la nausée, jusqu'à atteindre une sorte de pornographie ‘gore’, pour s’achever par une séquence d’émotion pure, qui cueille complètement. Présenté comme un « SE7EN » thaï, le film est plutôt un mélange contre-nature de « STAND BY ME » et « THE CRYING GAME » à la sauce ‘snuff movie’.
C'est tellement violent, cru et frontal, tellement ‘too much’ que la première moitié se laisse regarder avec une sorte d’intérêt amusé, accentué par le dépaysement. Et puis, peu à peu, le doute s’insinue, le malaise s’installe et le grand coup de théâtre tombe brutalement. Mais avec une implacable logique narrative qui fait qu’on ne se sent pas blousé ni manipulé. À bien y réfléchir, le scénario ne pouvait pas se développer autrement. La construction qui fait avancer l’action à la fois dans le présent et en flash-back est savamment dosée, chaque séquence répondant à son pendant du passé et vice-versa. On suit la plongée du héros – personnage ambigu et peu sympathique à la base – dans les méandres de ses souvenirs, mais aussi de son inconscient. Et on se rend compte que les auteurs avaient donné très tôt toutes les clés du film. À chacun de décrypter. Une seconde vision s’impose sûrement et devrait révéler une foule de détails.
C'est dire que ce qui commence comme un film de ‘serial killer’ à l’Américaine, un brin naïf et convenu, sait évoluer vers tout autre chose. Et le personnage du pauvre petit ‘Nat’, victime-née, enfant battu si vulnérable, s’installe dans l’anthologie du néo-film noir. Ça va être difficile à oublier, cette histoire… Comme un cauchemar de fièvre particulièrement tenace.

"ANOTHER BARRIER" : "Man with a camera"

« ANOTHER BARRIER » est un des bons épisodes de la série « MAN WITH A CAMERA », réalisé par Gerald Mayer.
Trois ans avant le film « X-15 » où il jouait un pilote sous la direction de Richard Donner, Charles Bronson se retrouve ici à faire un reportage sur une base spatiale et particulièrement sur un pilote d’essai de l’avion X-2.
Celui-ci va bientôt accomplir un vol risqué et sa fiancée (Norma Crane) est folle d’inquiétude, car depuis la mort de quelques proches, elle est persuadée de porter malheur à ceux qu'elle aime. Quand l’officier est porté disparu, la jeune femme décide de se défénestrer. Bronson va tout faire pour l’empêcher de sauter. Jusqu'à lui faire croire que le téléphone qui sonne dans sa chambre est peut-être un appel de son fiancé.
Bronson et l’excellente Norma Crane avaient déjà joué ensemble dans un épisode de la série « ALFRED HITCHCOCK PRÉSENTE », trois ans plus tôt et leur duo fonctionne très bien. Le rôle de cette femme névrosée, perturbée, pour tout dire assez pénible est relativement complexe pour un téléfilm de 26 minutes et Bronson s’efface pour laisser la vedette à sa partenaire qui en tire le maximum.

Charles Bronson, Grant Williams et Norma Crane

À noter que Bronson semble parfaitement à l’aise dans sa tenue d’aviateur et à bord de l’avion-porteur, situation qui devait lui rappeler qu'il officia à bord d’un B-29 pendant la WW2.

"SOME MOTHER'S SON" (1996)

Ciaran Hinds, Fionnula Flanagan et Helen Mirren
Coécrit par Jim Sheridan dans la foulée de son « AU NOM DU PÈRE », « SOME MOTHER’S SON » est une tranche d’histoire de l’Irlande moderne, commençant en 1979 et décrivant l’emprisonnement massif de soldats de l’IRA par les Anglais et les tortures qui leur sont infligées, avant qu'ils ne se lancent dans une dramatique grève de la faim.
Ici, pas d’ambiguïté : les ‘brits’ sont décrits comme des monstres froids et des bourreaux, le représentant du gouvernement est une sorte d’odieux nazillon sans foi ni loi et les prisonniers ressemblent tous – par la force des choses ! – au Christ. C'est manichéen mais grandement efficace, souvent émouvant et sans un temps mort. C'est du cinéma militant mais à hauteur humaine.
Helen Mirren tient un rôle d’une grande finesse. Neutre et haïssant la violence, elle a toujours vécu en dehors des conflits, jusqu'à ce qu'elle s’aperçoive que son fils est un membre actif de l’IRA. Peu à peu, elle va ouvrir les yeux et se découvrir une âme de passionaria. Généralement seule en scène et « bouffant » l’écran dans tous ses films, Mirren a, pour une fois, une partenaire féminine à sa mesure : l’extraordinaire Fionnula Flanagan, qui campe une fermière révoltée et mère-courage. L’amitié entre ces deux femmes si différentes, qu’on voit s’épanouir tout doucement au cours du film, est le ciment qui fait de « SOME MOTHER’S SON » un peu plus qu’un simple pamphlet politique. À chaque fois que les deux comédiennes partagent une scène, elles irradient littéralement et font monter l’empathie d’un cran. Du grand art, vraiment.

The Queen

On a déjà vu pas mal de films de ce genre sur les années Thatcher, mais celui-ci a un gros avantage : le tandem Mirren/Flanagan.


WILL SAMPSON : Happy birthday

Will Sampson était un acteur ‘Native American’ des années 70, un colosse au jeu minimaliste, au faciès intense et surtout un redoutable voleur de scènes. N’a-t-il pas réussi à exister face à Nicholson dans « VOL AU-DESSUS D’UN NID DE COUCOU » ? À piquer la vedette à Bronson dans « LE BISON BLANC » ? À impressionner Eastwood dans « JOSEY WALES, HORS-LA-LOI » ?
Il est mort jeune, mais aujourd'hui aurait fêté ses 78 ans.

26 septembre 2011

"CAROLYN VEUT DIVORCER" (1936)

On met un petit moment à comprendre le sens exact de « CAROLYN VEUT DIVORCER », une comédie de mœurs située pendant la Grande Dépression et suivant les mésaventures d’un couple de jeunes mariés. Barbara Stanwyck est mannequin et gagne correctement sa vie. Quand elle épouse Gene Raymond, celui-ci l’oblige à démissionner. Incapable d’entrer dans la peau d’une femme au foyer, la jeune femme devient dépensière, irresponsable et se laisse draguer par un milliardaire alcoolique et fou d'elle. Jusque-là, on se dit que le propos est plutôt féministe et que l’époux est un crétin borné. Mais progressivement, le message se fait plus clair : c'est en voulant être indépendante et s’émanciper, que Stanwyck fiche son mariage en l’air et humilie son pauvre mari. Celui-ci devra aller jusqu'au divorce pour récupérer sa femme et lui faire jurer que dorénavant elle restera tranquillement chez elle à préparer à dîner, en attendant son retour. Non mais !
Tout cela est heureusement amusant grâce à un dialogue du tac-au-tac bien vu, des seconds rôles savoureux (comme l’inévitable Hattie McDaniel en cuisinière et même Ward Bond, figurant en flic). Stanwyck jeune et pétulante est irrésistible sans jamais forcer le trait, Robert Young est drôle en ivrogne mondain. Seul le dénommé Gene Raymond gâche la fête par son jeu outrancier, là où on aurait vraiment eu besoin d’un Cary Grant ou d’un James Stewart.

Barbara Stanwyck, Gene Raymond, Robert Young et Hattie McDaniel

On est loin des comédies de Capra ou Preston Sturges, mais c'est enlevé, tellement daté que ça en devient pratiquement un document historique.




"COURT MARTIAL" : "La grande vallée"

« COURT MARTIAL » est un excellent épisode de la seconde saison de « LA GRANDE VALLÉE », dont le scénario alambiqué et à tiroirs recèle de nombreux coups de théâtre. La famille Barkley s'apprête à recevoir un général venu acheter du bétail. À peine a-t-il posé le pied dans la demeure, que celle-ci est investie par une bande armée venue lyncher l’officier : en effet ils sont les survivants d’un raid pendant la guerre de sécession, où des civils furent massacrés. Richard Long l’avocat de la famille assure la défense du général (Henry Jones), d’autant que son frère Peter Breck servit sous ses ordres et risque également la corde. Mais alors que ce « procès » à huis clos se déroule, de choquantes révélations vont se faire jour.
Lee Majors, Peter Breck, L.Q. Jones, Barbara Stanwyck et Linda Evans
Et si le général n’était pas le héros que tout le monde s’imagine ? S’il était un espion sudiste ? S’il avait comploté un attentat contre Lincoln ? Et si toute cette prise d’otages n’était qu’une mascarade pour confondre le traître ? On se rapproche un peu du concept de « MISSION : IMPOSSIBLE » ! C'est très bien écrit et interprété. Barbara Stanwyck et Linda Evans passent tout l’épisode ligotées au grenier sous la surveillance de L.Q. Jones, jouant un photographe boiteux mais plutôt sympathique. Et cette vieille série western a décidément bien passé le cap des années.

CHARLEY LINGUISTE

Spencer Tracy interroge la famille de Mae Clarke.
(Bronson est le second en partant de la droite)
Allez ! Un petit clin d’œil de début de semaine à notre mascotte Charley. Depuis peu, on a la possibilité de voir sur YouTube un extrait du ‘film noir’ de John Sturges « LE PEUPLE ACCUSE O’HARA », inédit en DVD.
Un extrait, le seul en fait dans lequel apparaisse Bronson – alors Buchinski – aux côtés de Spencer Tracy. On le voit attablé avec ses frères dockers en train de manger sa soupe, sous l’œil protecteur de la matriarche Mae Clarke. La scène est surtout cocasse, car les frères Korvac parlent un langage non-identifié qui ressemble fort à de l’improvisation délirante. D'ailleurs, Bronson se nomme ‘Angelo Korvac’, ce qui est un drôle de mélange de nationalités. Si quelqu’un parvient à reconnaître cette langue, qu'il se manifeste !
À noter que le film est daté de 1953 sur YouTube, alors qu'il est sorti deux ans plus tôt.

"BRIGHTON ROCK" (2010)

« BRIGHTON ROCK » est adapté d’un roman de Graham Greene, déjà tourné en 1947 sous le titre « LE GANG DES TUEURS », offrant le rôle de sa vie à Richard Attenborough.
Situé en 1964 à Brighton Beach, ce film évoque au premier abord une sorte de « SCARFACE » à l’Anglaise. Délibérément étrange et décalé, « BRIGHTON ROCK » est extrêmement soigné au niveau du cadre et de la photo, l’ambiance volontiers onirique est renforcée par une musique omniprésente et enveloppante qui donne la sensation d’un cauchemar ouaté et lancinant.
C'est surtout magnifiquement interprété par le jeune couple formé par Sam Riley (sorte de sosie british de Leonardo DiCaprio), remarquable en petit caïd névrosé et Andrea Riseborough en « pauvre fille » folle d’amour, malmenée par la vie. Ils incarnent à merveille ce couple mal assorti mais quelque part semblable d’êtres primitifs et incultes, dépassés par les évènements et par leurs propres sentiments. À leurs côtés, le gratin des acteurs UK : Helen Mirren une fois encore superbe en protectrice généreuse qui porte sa vie sur son visage, John Hurt toujours plus décadent et drôle et Andy Serkis très bien en mafioso précieux.
En tournant le dos à un traitement réaliste et cru de son scénario, en stylisant à l’extrême, le réalisateur s’est privé d’un public amateur de films de gangsters ultra-violents, mais a posé sa griffe et fait de ce remake une œuvre insolite et assez envoûtante. Certains plans des quais et de la plage à l’aube ou au crépuscule évoquent des toiles de maîtres. Quant à la dernière scène, elle frôle le sublime.

JULIE LONDON : Happy birthday

Julie London n’a pas beaucoup tourné, mais elle a chanté. Et son sensuel « FEVER » est encore dans toutes les mémoires. Comme son striptease forcé dans le chef-d’œuvre qu’est « L'HOMME DE L’OUEST » et son regard embrumé dans quelques autres rôles dans les années 50.
Aujourd'hui, elle aurait fêté ses 85 ans.

25 septembre 2011

QUELQUES NEWS...

Quelques petites news de « CINéWEST STATION » et aussi de son père spirituel « LE BLOG DU WEST » a.k.a. « WWW ».
Le nombre de visiteurs sur le premier ne cesse d’augmenter, oscillant entre 100 et 200 par jour, ce qui n’est pas mal, vu que le blog n’a pas un mois d’existence et un nombre encore limité d’articles à son actif. La plupart des visites proviennent évidemment des fidèles de « WWW » qui se cassent le nez en espérant de nouveaux posts.
Aux dernières nouvelles, OverBlog est toujours à la peine après un mois et n’a toujours pas trouvé la panne qui bloque et pénalise de nombreux blogs de la plateforme. Les visites quotidiennes ont bien sûr baissé sur « WWW » mais pas tant que ça. Il faut dire qu’en deux ans et quelques, le nombre de posts est conséquent et les diffusions de films à la télé relancent l’intérêt des internautes sur l’un ou l’autre.
Donc pour l’instant, pas de risque de désertification. « CINéWEST STATION » continue donc de s’étoffer en parallèle, de se fabriquer, de trouver son identité propre, en surfant sur les mêmes thèmes et centres d’intérêt que la « Maison-Mère ». Qu’en sera-t-il quand (si) la panne est enfin réparée ? Difficile à dire aujourd'hui. On verra bien… La question ne se pose pas encore. Après tout, l’important est de continuer à voir des films qu’on aime, à en parler, à donner envie à d’autres de les découvrir et à discourir sur des gens et des œuvres dont personne d’autre ne parle. À tout de suite, donc.
The show must go on…

MICHAEL MADSEN : Happy birthday

Héritier de Robert Mitchum, Michael Madsen est un ‘tough guy’ dans la grande tradition américaine. Il a déjà tourné 200 films et n’est pas prêt de s'arrêter. Le problème et qu'il ne fait preuve d’aucun discernement et accepte tout ce qui passe à sa portée, séries B sympathiques comme DTV innommables. À son palmarès, le rôle du voyou sadique dans « RESERVOIR DOGS » inégalable, un des mafieux de « DONNIE BRASCO » et… le gentil papa de « SAUVEZ WILLY ». Il attend toujours son grand rôle. L’équivalent de « LA NUIT DU CHASSEUR » pour Mitchum.
Aujourd'hui, il fête ses 53 ou 54 ans, selon les sources.

24 septembre 2011

"A MAN'S GAME" : "The Barbara Stanwyck show"


« A MAN’S GAME » est un amusant épisode satirique de la série « THE BARBARA STANWYCK SHOW » réalisé par Lewis Allen. L’hôtesse du show y joue une propriétaire de saloon fiancée à un commerçant, dont elle ignore le passé de ‘gunfighter’. À la suite de la mort du shérif, elle se voit obligée d’endosser l’étoile et se transforme… en Barbara Stanwyck dans « 40 TUEURS ». Avec son chapeau noir, ses pantalons moulants et son œil froid, l’actrice retrouve sa silhouette inchangée des grands westerns qu'elle tourna la décennie précédente. Elle assure également la voix « off » sarcastique, qui épingle tous les clichés du genre l’un après l’autre.

Charles Drake, Barbara Stanwyck et Edgar Buchanan

Le message du film ? Pas très féministe, en tout cas : la brave dame, toute courageuse qu'elle soit, n’est pas faite pour tuer des bandits, mais pour devenir une gentille épouse. Et l’ex-pistolero devra devenir shérif lui-même pour assurer l’avenir de son ménage. Face à Miss Stanwyck, on retrouve Charles Drake et l’inamovible Edgar Buchanan en juge sentencieux : « Il y a toujours un vieil homme dans les westerns », dit Stanwyck au début du film. « Généralement, c'est un docteur. Là, c'est un juge ». Sympathique.


LA MORT DE PAULETTE DUBOST

Nous parlions récemment de la sortie de « LA RÈGLE DU JEU » en Blu-ray. La dernière survivante de la distribution du classique de Jean Renoir, Paulette Dubost, vient de mourir à quelques jours de son cent-unième anniversaire. Elle avait tourné près de 200 films depuis 1931, toujours dans de savoureux seconds rôles où éclatait sa gouaille naturelle. On s’en souvient dans « LE PLAISIR », « LOLA MONTÈS » ou « LE DERNIER MÉTRO ».

GORDON CLAPP : Happy birthday

Gordon Clapp est un acteur de second plan apparu au début des années 80. Il a essentiellement fait carrière à la TV et s’est fait un nom grâce à la série « NYPD BLUE » où il incarne le maladroit détective Medavoy avec une réelle humanité. On l’a revu en tailleur dans « DEADWOOD » et au cinéma en général dans « MÉMOIRES DE NOS PÈRES ».
Aujourd'hui, il fête ses 61 ans.

23 septembre 2011

POURQUOI BRONSON ?

Pourquoi Bronson ?
Alors qu’à la fin de sa carrière, il était unanimement rejeté et moqué par la critique internationale et les cinéphiles, alors qu’à 70 ans passés, il s’acharnait à jouer les flics et les vengeurs et se voyait relégué aux téléfilms bas-de-gamme, huit ans après sa disparition Charles Bronson est toujours aussi populaire. On le voit sur les deux années et quelques d’existence du « BLOG DU WEST » qui offre les références les plus complètes sur l’acteur : sa première place dans le nombre de visiteurs quotidiens n’a jamais varié. Quant à ses films, ils ne cessent de ressortir en DVD, en Blu-ray, des compilations de longs-métrages et même d’obscurs épisodes de séries télé sont éditées chaque année aux U.S.A. Quel autre acteur de cette génération peut se vanter d’une telle pérennité ? Eastwood bien sûr, mais plutôt grâce à sa carrière de réalisateur ‘mainstream’, l’acteur est aujourd'hui passé à l’arrière-plan. Avant Bronson, on ne peut guère trouver que Bogart.
Alors… Pourquoi Bronson ?
Notre hypothèse est que, peut-être, l'homme a laissé un arrière-goût de « pas assez ». Dans ses films les plus célèbres : « LES 7 MERCENAIRES », « LA GRANDE ÉVASION », « 12 SALOPARDS », il fait partie d’un groupe. Dans « IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L’OUEST », le film de sa vie, il n’apparaît finalement pas tant que cela. Il fait de sporadiques mais indélébiles apparitions. C'est encore accentué dans « LES COLLINES DE LA TERREUR ». Dans ses autres grands rôles comme « LE PASSAGER DE LA PLUIE » ou « LE BAGARREUR », on le voit d’avantage, mais il parle peu. Et on ne sait pas grand-chose de lui ou de sa personnalité. Bronson a su se modeler un personnage unique au cinéma : le solitaire qui ne fait que passer. Sans attache, sans ami, souvent sans famille, il est mû par la vengeance la plupart du temps ou par la recherche obsessionnelle de l’indépendance comme dans « LE FLINGUEUR » ou « MISTER MAJESTYK ». On finit donc toujours un film de Bronson avec la sensation de ne pas le connaître (il est souvent soit anonyme, soit sans prénom) et d’avoir vu un fantôme taiseux traverser l’écran sans rien livrer de lui-même. Son jeu qualifié de « minéral » est la plupart du temps d’une sobriété confinant à la pétrification. D'ailleurs, Samuel Fuller dans un ouvrage, le compara à une statue. Bronson a figé définitivement son image avec « UN JUSTICIER DANS LA VILLE », alors qu’en y regardant de plus près, il n’était vraiment pas un choix idéal pour ce rôle. Mais – en tout cas dans le film originel – Paul Kersey mixait et cristallisait parfaitement ce mélange de guerrier indien et d’antihéros de ‘film noir’ qui fait la spécificité de l’acteur.
On n’explique pas aisément la mystique d’une star, mais concernant Charles Bronson, c'est encore plus irrationnel. Il n’a jamais été ce qu’on appelle un « grand acteur », ni un séducteur, ni un acteur-caméléon, il n’a tourné qu’une poignée de grands films et n’y tenait généralement pas le premier rôle. Et pourtant… Alors que tant d’autres ont disparu de la mémoire collective, il est toujours là. Aussi présent qu’un Steve McQueen. Et c'est tant mieux…

"PUFFBALL" (2007)

Il y a des films qu’on regarde passivement, sans rien y comprendre. Il y a ceux qu’on croit comprendre sans qu’on en voie l’intérêt. Puis il y a ceux – plus rares et précieux – qu’on présume incompréhensibles, mais qui ouvrent l’imaginaire et laissent place à l’interprétation personnelle. On pense à David Lynch, à Kubrick… « PUFFBALL » se situe à la croisée de tous ces courants. Le nom de Nicolas Roeg et le souvenir de son génial « NE VOUS RETOURNEZ PAS » incitent à la curiosité. Mais malgré toute la bienveillance et l’indulgence du monde, impossible de ne pas être terrassé par l’ennui. « PUFFBALL » est un pot-pourri de fable sur la fécondité, sur la création, sur la magie noire et la superstition, qui se déroule entièrement dans le décor triste à pleurer d’une campagne irlandaise grisâtre et humide en hiver. Toutes les séquences se ressemblent, les personnages n’ont aucune épaisseur et leurs névroses semblent plaquées, systématiques. Pourtant, on aime beaucoup Kelly Reilly et Miranda Richardson qui en fait joyeusement des tonnes, en agricultrice givrée. Donald Sutherland apparaît dans deux séquences en architecte rêveur et parle si bas qu’on entend à peine ce qu'il dit. On aurait aimé que l’étrangeté naisse d’elle-même, qu'elle se distille progressivement, comme dans « NE VOUS RETOURNEZ PAS » et que la conclusion soit claire et limpide. Mais il faut se rendre à l’évidence : malgré la présence de Roeg et Sutherland au générique, on est bien loin du chef-d’œuvre des seventies. D'ailleurs, les séquences érotiques sont aussi tristes qu'elles furent perturbantes jadis. Typiquement le genre de film qu’on aurait aimé aimer. Hélas…

LA MORT DE NICO MINARDOS

Nous apprenons la mort à l’âge de 81 ans, de Nico Minardos, acteur de télévision des années 50 à 70. Il débuta comme figurant dans « CHÉRIE, JE ME SENS RAJEUNIR », tint un rôle central dans le ‘spaghetti western’ « LES CANONS DE CORDOBA », mais joue essentiellement les ‘guest stars’ dans de nombreuses séries TV. Il était retiré des écrans depuis un quart de siècle.

ROMY SCHNEIDER : Happy birthday

« Je suis une comédienne, vous savez... Je sais faire des trucs bien… ». Cette réplique de « L’IMPORTANT C'EST D’AIMER » pourrait résumer les efforts qu’a accomplis Romy Schneider pour faire oublier le personnage de Sissi qui l’a toujours poursuivie.
Comédienne hyper-sensible, elle a marqué des œuvres comme « LA PISCINE », « CÉSAR ET ROSALIE », « UNE HISTOIRE SIMPLE » de sa personnalité à la fois solaire et tourmentée. Et elle manque toujours terriblement au cinéma français. Aujourd'hui, elle aurait fêté ses 73 ans.

22 septembre 2011

"THE MAN FROM NOWHERE" (2010)

Que c'est bon un polar, quand c'est bon ! À voir « THE MAN FROM NOWHERE », on ressent le même genre d’excitation que lors de la découverte des premiers John Woo arrivés en France. Mais ce film coréen fait preuve d’une maturité exceptionnelle, ne cède à aucun chichi décoratif, esquive les ralentis, les fusillades à deux flingues aux chargeurs illimités et autres glissades sur le dos. Ici, tout est au service de l’histoire qui – bonheur inespéré – est bien construite, prend soin de camper de vrais personnages et a même l’élégance de ne pas tout expliquer à grands coups de tirades dialoguées. Le héros, une sorte de super-soldat des services secrets retiré du monde et devenu… prêteur sur gages, planqué derrière une frange qui lui dissimule le visage, est magnifiquement campé par Bin Won, d’une sobriété et d’un charisme stupéfiants. Il réussit à dégager le danger, l’ambiguïté qu’a toujours recherché un Keanu Reeves par exemple, sans jamais y parvenir tout à fait. Une belle et simple idée de réalisation le rend quasi-mythique : la plupart du temps, on ne le voit pas agir. On ne voit que le résultat (dévastateur) de ses actions. Un peu cette vieille technique utilisée dans les westerns : le montage évitait de montrer le héros en train de dégainer. On le voyait directement faire feu, ce qui donnait une impression d’extrême rapidité. C'est le même principe remis au goût du jour. La relation de cet homme en noir avec la fillette mal-aimée est dépourvue de guimauve et de sentimentalisme à deux balles (point faible de Woo). Elle est l’enfant qu'il n’a jamais pu avoir et pour elle, il reviendra dans le monde des vivants, pour semer la mort. À noter le formidable Nemesis qu’est cet homme de main impassible, aussi sanguinaire qu’inattendu dans ses réactions. Là encore, son acte héroïque ne sera pas montré. Juste sa conséquence. On ne sent pas les deux heures passer, on reste accroché à son siège, on ne voit rien venir. C'est devenu tellement rare qu’on n’a même pas envie de chercher la petite bête. « THE MAN FROM NOWHERE » est un festin pour l’amateur de vrais polars à la diète depuis trop longtemps.

JOIES BLEUES

Parmi les innombrables (re)sorties annoncées en Blu-ray jusqu'à la fin de l’année 2011, trois titres ont particulièrement retenu notre attention… et suscité une grande joie anticipée : deux grands westerns, d’abord. « LITTLE BIG MAN » d’Arthur Penn, qui devrait grandement bénéficier d’un transfert en HD et prendre toute sa dimension. « LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES » ensuite, l’unique film signé Marlon Brando, dont on attendait depuis des années une sortie DVD décente. C'est enfin arrivé cette année et en France. Et maintenant, bonheur suprême, ce film visuellement magnifique va en plus, avoir les honneurs de la Haute-Définition. C'est presque trop ! Et puis enfin, « 12 HOMMES EN COLÈRE » le premier film de Sidney Lumet et peut-être son chef-d’œuvre, dont les éditions DVD ne sont pas formidables et qui se voit ainsi honoré d’une sortie chez Criterion, autrement dit le top du top. Que ces braves gens ont donc bon goût !

"SAVAGE GRACE" (2007)

Tirée de faits réels, cette copro européenne évoque avec insistance le cinéma de Bernardo Bertolucci. On retrouve dans « SAVAGE GRACE » des échos de « LA LUNA » ou de « BEAUTÉ VOLÉE », mais le film ne parvient jamais à passionner. Les personnages restent désincarnés, superficiels et Julianne Moore trouve un de ces rôles de névrosées imprévisibles à fleur de peau, qu'elle affectionne – et joue si bien – depuis « MAGNOLIA » ou « THE HOURS » qui étaient de bien meilleurs films.
Elle est impeccable, souvent dérangeante par la folie ravageuse qu’elle parvient à dégager. La séquence d'inceste, attendue, inéluctable, traumatique, est un grand moment, choquant par son réalisme, son absence d’emphase. Parmi les autres comédiens, regrettons l’inintérêt du rôle de Belén Rueda, si magnifique dans « L’ORPHELINAT », réduite ici à jouer les utilités.
« SAVAGE GRACE » n'est pas un ratage complet, mais sa construction en saynètes à peine reliées les unes aux autres, ses bonds aléatoires dans le temps, sa lenteur et le jeu amorphe d’Eddie Redmayne, finissent par lasser l’attention, alors que sa dernière partie est plutôt prenante. À réserver au fan inconditionnel de Miss Moore.

"BY FORCE AND VIOLENCE" : "La grande vallée"

Lee Majors, Barbara Stanwyck, Bruce Dern, Harry Dean Stanton et L.Q. Jones
« BY FORCE AND VIOLENCE » est un épisode étrangement œdipien de la première saison de « LA GRANDE VALLÉE ». Barbara Stanwyck part en charriot avec son fils Lee Majors. Enfin – plutôt, le fils bâtard de son défunt mari. Le jeune homme la complimente, flirtouille aimablement avec elle. Le charriot s’embourbe et Majors se retrouve coincé dessous. Barbara part chercher du secours et tombe sur Bruce Dern, un forçat évadé, traqué par deux chasseurs de primes. L'homme refuse de l’aider, aussi doit-elle le menacer de son fusil pour le ramener à la mare de boue où son (faux) fils risque de mourir. Pendant le trajet, Miss Stanwyck apprend à connaître Dern, un ‘gambler’ professionnel, qui ne s’est jamais remis d’avoir été abandonné par sa mère dans son enfance et une trouble relation s’instaure entre eux. C'est donc un drôle d’épisode, chargé d’ambiguïté (en le quittant, Stanwyck embrasse Majors sur la bouche) et d’un discours très psychanalytique sur les relations mère-fils. Habitué aux rôles de psychopathes, Dern tient un personnage plus fouillé que d’habitude. Les ‘bounty hunters’ sont incarnés par L.Q. Jones et Harry Dean Stanton, qui semblent tout droit sortis d’un western de Peckinpah. D'ailleurs, ils feront partie de la bande du Kid dans « PAT GARRETT & BILLY THE KID », huit ans plus tard. À noter quelques bons moments d’angoisse : particulièrement cette séquence nocturne où Lee Majors, à moitié enseveli dans la gadoue, voit arriver un loup affamé.

PAUL MUNI : Happy birthday

Paul Muni fut un grand acteur de théâtre dans les années 20 et 30, mais il ne tourna qu’une petite vingtaine de films ainsi que quelques téléfilms.
Spécialiste des ‘biopics’, il incarna Émile Zola, Louis Pasteur ou Benito Juarez, a imposé son jeu légèrement excessif dans « JE SUIS UN ÉVADÉ », mais il est surtout mémorable pour avoir tenu le rôle-titre de « SCARFACE ». Quarante ans avant Al Pacino, Muni incarna Tony Camonte, un quasi-jumeau d’Al Capone, dans le chef-d’œuvre d’Howard Hawks.
Aujourd'hui, Mr Muni aurait fêté ses 116 ans.

21 septembre 2011

STATHAM... Au tournant

Pourquoi n’arrive-t-on pas à être totalement convaincu par Jason Statham ? Le bonhomme a une « tronche », un physique, il bouge bien, il a d’excellentes références : on sent qu'il aimerait s’inscrire dans la lignée des Lee Marvin et Charles Bronson des seventies. N’a-t-il pas tourné un remake (navrant) du « FLINGUEUR » et un (enfin, presque) des « 12 SALOPARDS » avec « EXPENDABLES » ? N’est-il pas en train de jouer dans une nouvelle mouture du « POINT DE NON-RETOUR » ?
Malgré tous ces points positifs, Statham ne séduit pas. Et s’il fait penser à quelqu’un, ce serait plutôt à un Bruce Willis plus rugueux et caractériel. Et plus anglais… Ce qui est nettement moins glorieux. Pourtant, ses débuts avec Guy Ritchie étaient prometteurs, il a brièvement croisé Michael Mann pour un ‘caméo’ dans « COLLATÉRAL » et s’est montré efficace en méchant de haute-volée dans « CELLULAR ». Mais il traîne dans son sillage l’image du cascadeur mal rasé des eurofilms manufacturés par Besson & Co, se complaît dans les nanars numérisés comme « HYPER TENSION » et « ROGUE », se compromet dans des horreurs comme « KING RISING » et surtout… on a l’étrange sensation qu'il ne change jamais de tête, jamais de tenue vestimentaire, jamais d’expression. Qu'il manque un peu d’âme, disons…
Pourtant – on ne sait trop pourquoi – on garde le sentiment qu’un jour, Jason Statham s’élèvera au-dessus de sa discutable filmographie. Parce qu'il a jadis tourné avec John Carpenter ? Parce qu'il avait de bons moments dans « EXPENDABLES » ? Parce qu’on le soupçonne de n’avoir pas encore tout « donné » ? Et parce qu’un bonhomme qui veut être le nouveau Lee Marvin/Charles Bronson ne peut pas être complètement mauvais ? Toujours est-il qu’on continuera encore quelque temps de l’attendre au tournant. Dans le bon sens du terme. Des fois qu'il se mette à tourner de bons films.