Il y a des films qu’on regarde passivement, sans rien y comprendre. Il y a ceux qu’on croit comprendre sans qu’on en voie l’intérêt. Puis il y a ceux – plus rares et précieux – qu’on présume incompréhensibles, mais qui ouvrent l’imaginaire et laissent place à l’interprétation personnelle. On pense à David Lynch, à Kubrick… « PUFFBALL » se situe à la croisée de tous ces courants. Le nom de Nicolas Roeg et le souvenir de son génial « NE VOUS RETOURNEZ PAS » incitent à la curiosité. Mais malgré toute la bienveillance et l’indulgence du monde, impossible de ne pas être terrassé par l’ennui. « PUFFBALL » est un pot-pourri de fable sur la fécondité, sur la création, sur la magie noire et la superstition, qui se déroule entièrement dans le décor triste à pleurer d’une campagne irlandaise grisâtre et humide en hiver. Toutes les séquences se ressemblent, les personnages n’ont aucune épaisseur et leurs névroses semblent plaquées, systématiques. Pourtant, on aime beaucoup Kelly Reilly et Miranda Richardson qui en fait joyeusement des tonnes, en agricultrice givrée. Donald Sutherland apparaît dans deux séquences en architecte rêveur et parle si bas qu’on entend à peine ce qu'il dit. On aurait aimé que l’étrangeté naisse d’elle-même, qu'elle se distille progressivement, comme dans « NE VOUS RETOURNEZ PAS » et que la conclusion soit claire et limpide. Mais il faut se rendre à l’évidence : malgré la présence de Roeg et Sutherland au générique, on est bien loin du chef-d’œuvre des seventies. D'ailleurs, les séquences érotiques sont aussi tristes qu'elles furent perturbantes jadis. Typiquement le genre de film qu’on aurait aimé aimer. Hélas…
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