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17 septembre 2011

"LA REGLE DU JEU" (1939)

Deux films se retrouvent systématiquement sur toutes les listes des « meilleurs films du monde », des « chefs-d’œuvre de l’histoire du cinéma », des monuments incontestables : « CITIZEN KANE » et « LA RÈGLE DU JEU ». Ce dernier fut même le film-phare des cinéastes de la Nouvelle Vague. On n’est bien sûr, pas obligé de partager cette opinion, même si on se sent un peu seul à la contester. Sorti dans une magnifique édition restaurée en Blu-ray et dans sa version intégrale, le film de Jean Renoir ne peut pas être découvert dans de plus idéales conditions qu’aujourd'hui.
Qu'est-ce que « LA RÈGLE DU JEU » ? C'est à la fois l’ancêtre des « films choraux », un marivaudage coquin hanté par la mort, un microcosme de la société française d’avant-guerre avec ses clivages sociaux. On a souvent la sensation que le film est improvisé au fil de la caméra et Renoir alterne les réflexions profondes sur la vie et l’amour et les instants de « boulevard », avec son cortège de cocus, ses poursuites endiablées. Mais quelques séquences comme le massacre des lapins (un brin écœurant, à force) ou ce spectacle donné au château avec ces messieurs déguisés en squelettes, laissent sur un malaise tangible. Est-ce la proximité de la guerre ? Le sentiment de la fin d’une époque insouciante ? C'est ce malaise justement, qui donne au film tout son prix.
On peut (oui, on a le droit !) trouver Renoir discutable en tant que comédien, d’autant qu'il se taille la part du lion et vampirise pas mal le film. Mais Dalio est formidable dans un contremploi d’aristo mollasson mais brave type. Les personnages de femmes sont décrits avec une misogynie bienveillante.
Alors que dire de « LA RÈGLE DU JEU » qui n’ait déjà été dit et redit ailleurs ? Rien. À part peut-être, que son classement indéboulonnable dans les plus grands monuments du Septième Art peut tout de même laisser un peu perplexe…

2 commentaires:

  1. Entièrement d'accord avec vous! Et, suprême sacrilège, je pense à peu près la même chose de Citizen Kane.

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  2. Eh bien... Moi aussi. On se sent moins seul !

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