Réalisateur italien « engagé » des années 60 et 70, Elio Petri est surtout connu aujourd'hui pour son grandiose « ENQUÊTE SUR UN CITOYEN AU-DESSUS DE TOUT SOUPÇON ». Aussi peut-on être dérouté par son approche du scénario futuriste de « LA DIXIÈME VICTIME », qui annonce nettement « LE PRIX DU DANGER », « RUNNING MAN » et d’une certaine manière « TRUMAN SHOW ». Dans un vingt-et-unième siècle kitschissime qui semble avoir bugué sur les sixties, la chasse à l'homme légalisée est devenue un sport national et un exutoire à la violence, avant de s’affirmer – grâce aux Américains ! – comme un support publicitaire idéal. La satire n’est pas légère, mais le film datant de 1965, on ne peut que louer son sens prémonitoire. Bien sûr, l’heure et demie que dure le film semble longue, comme toujours lorsqu’un film n’est basé que sur UNE idée. Le scénario patine, se répète, se vautre dans l’autosatisfaction bouffone et finit par ennuyer profondément. Il n’y avait sans doute matière qu’à faire un court-métrage. Teint en blond, Marcello Mastroianni traîne un ennui distingué et un cynisme absent. Il se nomme d'ailleurs ‘Marcello’, pourquoi se fatiguer ? Les clins d’œil à Fellini sont sympathiques. Ursula Andress n’a jamais été une grande actrice, mais il faut reconnaître qu'elle était superbe et ici tout particulièrement. Sur elle, même les tenues sorties d’un fantasme d’Austin Powers semblent sexy. À voir pour l’amateur de cinéma italien, pour son ambiance singulière, sa BO enveloppante, en sachant à quoi on s’expose. C'était probablement plus percutant il y a 45 ans. À noter que le film vient d’être édité en Blu-ray aux U.S.A. chez Blue Underground, avec des sous-titres français.
Ursula et Marcello, kings of kitsch |
La dixième victime ne m'a laissé aucun souvenir. Par contre je recommande chaudement "Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon" où l'on découvre un Gian Maria Volonte jouant sobrement, mais formidablement, un rôle de salopard de la plus belle espèce, aidé dans son machiavélisme par la société même qui l'a engendré, jusqu'à la nausée. Le mot "Justice" n'a plus de sens jusqu'à la fin et au delà.
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