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9 septembre 2011

"LE VOLEUR" (1967)

Belmondo, ses biceps et Geneviève Bujold
Tenu d'une main de fer du début à la fin, Jean-Paul Belmondo ne cède pas une fois à ses tics habituels dans « LE VOLEUR », il compose sans faiblir un personnage ambigu, glacé, distant, comme mort de l'intérieur, avec une profondeur confondante. Individu vide, vacant même, il avoue n'exister que lorsqu'il vole et le reste du temps, ne faire qu'attendre le prochain larcin. Parabole sur le métier d'acteur ? Impossible de ne pas faire le parallèle, tant chaque intervention nocturne de Randal ressemble à l’entrée en scène d’un comédien.
C'est un film lent et majestueux, aussi froid que son « héros », aussi désespéré que le magnifique personnage de Charles Denner qui n'apparaît que dans une séquence, mais marque durablement l’œuvre tout entière. La construction en flash-back loin d'être gratuite, augmente la tension à mesure que l'aube approche. Les comédiennes sont triées sur le volet, de la délicieuse Geneviève Bujold à Marlène Jobert toute jeunes et surtout Marie Dubois, qui tire son épingle du jeu en croqueuse d'hommes sans pitié.
Louis Malle a su filmer des images frappantes, comme ce guillotinage inattendu auquel assiste Randal et qui préfigure de toute évidence son avenir probable, cette fusillade nocturne, ou l'agonie de l'oncle sous les yeux du neveu qui refait tranquillement son testament. Le cinéma français à son meilleur. Et une façon d’oublier le Bébel à gros flingue pour retrouver le grand comédien de « À BOUT DE SOUFFLE ».

10 commentaires:

  1. Un chef-d'oeuvre, le meilleur film de Louis Malle! La scène d'ouverture, d'abord muette puis avec la voix off de Belmondo ("Je fais un sale métier mais j'ai une excuse, je le fais salement") est extraordinaire.
    Peut-être le plus grand rôle de Belmondo, qui effectivement était un grand acteur avant de devenir le Bébel des années 70-80...

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  2. Lemmy : Un film avec Belmondo (et non pas un film de Belmondo, grande différence) qui m'a énormément marqué et qui, je pense, a plutôt bien vieilli. J'ai souvenir qu'il fait quand même son Bébel, mais quel comédien et quel désespoir.

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  3. Pour moi, un grand film. J'y découvrais Geneviève Bujold, délicieuse,retrouvais Marie Dubois qui m'avait impressionné dans "Bof" de Claude Faraldo. Il faut se délecter de la performance de Julien Guyomard, rond, jouisseur, malin, grand voleur et déguisé en curé. Et puis, Georges Darien écrivait bien et son histoire est bien traitée. Précisons que ce film a aussi des qualités plastiques. A voir ou a revoir.

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  4. Heureux de voir que ce film, pas si connu que ça, finalement, fasse l'unanimité.

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  5. Excellent film,effectivement!Par contre,moi je ne renie pas la période 70-80 de Belmondo.Dans ses films musclés il est nettement plus crédible qu un Reynolds ou qu un Willis dans "Piege de cristal".Le fait qu il soit francais atténue son talent et nous oblige a etre plus critique mais les pontes de Hollywood ne s étaient pas trompés en lui offrant un contrat de 7 ans qu il a refusé mais imaginez un Belmondo dirigé par un grand réalisateur américain..En voyant ses prestations dans "Itinéraire..","L alpagueur" "Classes tous risques" et d autres films je me ferais aucun soucis pour une carriere américaine etant donné que sa palette de jeu était plus variée que ce que l on en pense.Il etait le seul en France a etre crédible dans un créneau réservé a Hollywood et le fait qu il executait lui meme ses cascades fait de lui un acteur quasiment unique en son genre et ce dans le monde.On a tendance a l oublier.Si Belmondo est ensuite tombé dans la facilité,combiens d autres acteurs en on fait de meme et pas des moindres et avec qui on est toujours indulgent...Ne pas oublier aussi qu il était l idole des jeunes alors qu il avait 50 ans..peut on trouver un équivalent?je ne le pense pas.Tout ca pour bien se rendre compte de l aura de ce grand monsieur et pour parapher Lemmy...quel comédien et quel desespoir!!!

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  6. Les polars de "Bébel" ont leurs fans bien sûr. Et pourquoi pas ? Mais comment ne pas regretter l'acteur magnifique de Melville ou de Sautet ? Si au moins il avait pu continuer à exister de temps en temps, à côté du "PROFESSIONNEL"...

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  7. « le fait qu il executait lui meme ses cascades fait de lui un acteur quasiment unique en son genre et ce dans le monde. »

    Dans le monde ? O-hô : pas au Japon, en tout cas. Toshirô Mifune, Tatsuya Nakadai et les autres "acteurs samouraïs" de l'écran tournaient TOUT sans doublure ni cascadeur, jamais, car c'eût été déchoir : à bride abattue ou à flanc de falaise, et surtout à coups de sabre (comme l'explique Nakadai dans un supplément DVD). Pire encore, le duel entre ce dernier et Tetsuro Tamba dans 'Hara-kiri' a été tourné avec de vrais sabres, ce qui est extrêmement dangereux. (D'ailleurs j'hésite un peu à en parler ici, car c'était tout à fait illégal et si des limiers japonais lisent CineWestStation, ils pourraient aussi bien se pointer demain à l'aube à la porte de M. Nakadai pour effectuer l'arrestation du malheureux).

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  8. Je parlais en terme de cascades du genre que l on connait tous en n incluant pas les acteurs japonais car les arts martiaux et plus spécifiquement l art du Kendo est quelque chose qui leur est propre et dont ils sont les maitres sans équivalent.Mais les cascades sur le toit d un métro,poursuite en voiture ou encore juché sur un avion sont du domaine du cinéma des continents américains ou européen(quoique)et c est dans ce style que je considère que Jean Paul Belmondo est un cas unique d autant plus qu il a été salué par Jackie Chan qui n est pas n importe qui en terme de cascades.Il faut savoir aussi qu a ce jour un seul acteur a obtenu un prix de la digne confrérie des cascadeurs pour sa prestation dans "Junior Bonner" et c est Steve McQueen.C est dire la considération qu ils ont pour ceux qu ils doublent....

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  9. « ...Je parlais en terme de cascades du genre que l'on connait tous. »

    Moi aussi. J'aurais dû laisser de côté les combats au sabre pour me faire bien comprendre. Quand Toshirô Mifune galope à bride abattue et périlleusement dans 'La Forteresse cachée', c'est bien Toshirô Mifune et pas quelqu'un d'autre qui est sur le cheval. Quand Tatsuya Nakadai escalade une falaise escarpée dans 'Goyokin', c'est bien lui et pas quelqu'un d'autre qui escalade la falaise. Les stars japonaises de cette génération-là ne se faisaient JAMAIS remplacer par une doublure ou un cascadeur, quelle que soit la scène : c'eût été déchoir, passer pour un peureux. C'est ce que raconte le vénérable Nakadai dans le supplément DVD de 'Goyokin', ajoutant, l'oeil malicieux, qu'il s'estime chanceux d'être parvenu à cet âge malgré un tel métier ! Ce qui n'enlève rien à Belmondo ; simplement, l'affirmation selon laquelle il aurait été pour cela "unique au monde" est un tantinet exagérée.

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  10. Burt Reynolds effectuait aussi la plupart de ses cascades, ainsi que... Barbara Stanwyck, qui exigeait malgré tout la présence d'une doublure sur ses tournages, pour ne pas mettre celle-ci au chômage !

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