Le début des années 70 avait vu fleurir quelques films comme « DÉLIVRANCE », « LES CHIENS DE PAILLE » ou « LA DERNIÈRE MAISON SUR LA GAUCHE », qui entrenaient un lien de parenté évident quant à leur exploration de la violence gratuite et surtout sa contagion.
« I SPIT ON YOUR GRAVE » creuse encore le sillon en confrontant une jeune new-yorkaise qui loue une maison de campagne au bord d’un lac, pour écrire un roman, et se fait violer par quatre « locaux » qui la laissent pour morte. Elle décide de rendre sa propre justice. Rien de très original, mais en appréhendant son sujet de façon totalement linéaire, frontale, directe, sans aucune stylisation que ce soit scénaristique ou visuelle, l’auteur évite tout sensationnalisme et voyeurisme. Ainsi, la séquence du quadruple viol semble n’en jamais finir. Dans la boue, le sang et les hurlements, les râles, le spectacle devient insupportable, nauséabond et en dit finalement plus long que tous les discours sur les agressions sexuelles et leur impact sur les victimes.
La vision de Camille Keaton, souvent dénudée, dégradée, avilie, n’a jamais rien d’excitant ou même d’ambigu. Et c'est la grande réussite de ce film fauché et apparemment tout simple : contourner l’approche toujours un peu malsaine de ce genre de sujet, par un filmage le plus « objectif » possible. Alors bien sûr, c'est un film qui n’a rien d’agréable ou de distrayant, mais il force peu à peu le respect par son honnêteté et sa façon d’exprimer ses idées sans les asséner. Le ‘payback’ de la dernière partie est lui aussi abordé intelligemment. Devenue vengeuse, l’héroïne n’en devient pas pour autant une tueuse invincible et les meurtres sont tellement violents et hideux, qu’on n’a pas envie d’applaudir. On a beaucoup reproché aux « CHIENS DE PAILLE », par exemple, son ambivalence et son machisme sous-jacent. On pourra faire des reproches à « I SPIT ON YOUR GRAVE », qui n’a pas la même valeur cinématographique, mais pas ceux-là. À voir donc, mais en sachant à quoi on s’expose.
À noter que le film est proposé en supplément dans le Blu-ray du récent remake. Il fut jadis exploité en France sous le titre « ŒIL POUR ŒIL ».